Témoignages
Formation en management : « on comprend l’importance de se connaître soi-même »
Adepte des formations (et pas seulement chez ARTES !), Lisa Bélangeon a participé, en 2020, au cycle « Réussir dans sa fonction managériale ». En février dernier, sept ans après son recrutement, elle a été nommée directrice de sa structure, le festival Au Foin de la Rue (à Saint-Denis-de-Gastine, en Mayenne), en parallèle de ses engagements à la commission festival du Centre National de Musique et au SMA (Syndicat des Musiques Actuelles).
Son évolution, remarquable, témoigne de l’importance de l’apprentissage continu et de la remise en question permanente au fil d’une carrière. Début avril, Lisa a accepté de nous livrer sa riche expérience.

Tu as été dernièrement nommée directrice du festival Au foin de la rue, peux-tu décrire votre activité ?
« Nous sommes principalement connus pour organiser un festival de musiques actuelles, le premier week-end de juillet à Saint-Denis-de-Gastine, une petite ville de 1.500 habitants dans le nord de la Mayenne. Avec la Communauté de communes, c’est un territoire sur lequel vivent environ 20.000 personnes. Nous sommes aussi un espace de vie sociale, principalement sur des actions liées à la culture. Par exemple, la semaine dernière (du 7 au 11 avril), un artiste intervenait sur trois jours autour de la MAO (Musique assistée par ordinateur) à destination des jeunes. Au total, on organise environ 120 jours d'actions auprès des publics dans l'année - en comptant ceux où les bénévoles viennent créer la scénographie du festival à partir de matériaux de récupération. Car nous sommes aussi positionnés sur l’économie circulaire et les questions environnementales, avec le développement d’une activité de ressourcerie culturelle. »
Dans ton parcours, tu as régulièrement participé à des formations professionnelles. En quoi c’est important pour toi ?
« Parce que, je ne sais pas si c'est par habitude ou par manque de temps, mais j’ai l’impression que dans nos métiers, on apprend surtout sur le tas. Ça a ses avantages sur certains aspects, mais mine de rien, prendre des temps de formation pour reposer des bases théoriques et s'interroger sur nos pratiques permet, à mon sens, d'évoluer plus rapidement. De se sentir aussi plus légitime dans nos emplois, car si ce sont nos expériences qui nous font avancer, ne pas avoir les bases théoriques peut nous desservir dans nos interactions avec des partenaires, ou autres. Se former permet de reprendre confiance, notamment en vue de certains échanges.
Il y a aussi l’aspect gain de temps au quotidien : tout va beaucoup plus vite quand on maîtrise les bases théoriques. On sait où chercher l'info. J’ai l’impression que l’on fait souvent passer la formation au second plan, car on pense ne jamais avoir de temps à y consacrer, d’être toujours débordé. Je pense que c’est une erreur, surtout au vu du temps que l’on gagne une fois formé. »
« Sur une formation en management, on comprend vraiment l’importance de se connaître soi-même, de s'interroger sur ses postures, son caractère, ou sa façon d'être »
Qu’est-ce qui t’a amené à te former rapidement dans ton parcours professionnel ?
« Comme beaucoup, je suis sortie de mes études avec un bagage théorique assez large, mais il me manquait des aspects pratiques. À l’université, j’ai fait une licence d'arts du spectacle, sans savoir précisément vers quel métier j’allais m’orienter. Ensuite, j’ai passé une licence professionnelle d’administration et production des musiques actuelles. Après un premier stage auprès du groupe de musique Les Blaireaux de Ravel, ils m’ont embauché pour des missions de production et d'administration. J’y suis restée sept ans, et j’ai rapidement pris l’habitude de me former. Je me rappelle que ma première action de formation était liée à la comptabilité, puisqu'il me manquait vraiment cette compétence-là au quotidien. Ce n’était pas avec ARTES. À l’époque, je travaillais en région parisienne. Je suis venue plus tard, quand j’ai été embauchée par Au Foin de la Rue, d’abord comme chargée d'administration et de la coordination des bénévoles en 2017, avant d’évoluer à la coordination générale deux ans plus tard. »
C’est suite à cette évolution que tu as ressenti le besoin de te former au management ?
« Oui car je n’avais jamais été confrontée à ces problématiques. Ni dans mes précédentes missions, ni dans ma formation initiale. J’ai senti ce besoin de me former pour endosser mes nouvelles responsabilités, savoir gérer ce lien hiérarchique avec mes équipes. C’était en 2020, en pleine période du Covid. »
Même si ça commence à dater, que retiens-tu de cette formation ?
« C’était particulièrement marquant car auparavant, j’avais participé à plusieurs formations très techniques qui ne demandaient pas un grand investissement humainement parlant. Sur le management, on comprend vraiment l’importance de se connaître soi-même, de s'interroger sur ses postures, son caractère, ou sa façon d'être.
J'ai aussi le souvenir qu'on était un super groupe, à la fois très hétérogène et bienveillant. La formation est découpée en plusieurs séquences (neuf jours répartis sur quatre mois), donc il y avait comme un esprit de promotion. On abordait des choses difficiles : il fallait faire nos autocritiques, être très honnête sur nos profils psychologiques… J’ai trouvé une vraie dimension psychologique dans cette formation. Ça nous a permis d'aller peu plus loin dans nos questionnements, de comprendre que l’on ne réagit pas tous de la même manière devant telle ou telle situation.
Cette formation est encore très présente dans mon quotidien. Cinq ans après, j’ouvre régulièrement les supports pour rafraîchir certaines choses, ou prendre le temps de réfléchir à des situations. »
« Je crois que l’on apprécie tous ces temps un peu entre parenthèses, où on rencontre d'autres professionnels du même secteur »
Tu disais ne pas avoir eu de notions de management en formation initiale. Rétrospectivement, tu estimes que cette formation de neuf jours t’a donné ce qu’il te manquait ?
« Oui, j'en ai vraiment l'impression. Après, je ne veux surtout pas dénigrer les formations longues en management, mais j’ai l'impression que celle-ci m'a donné suffisamment de bases, de clés, et de pistes de réflexion. Ça fait 5 ans que j’encadre maintenant, j’ai eu le temps de digérer, et de me poser les bonnes questions. Je pense avoir suffisamment de connaissances générales et de recul sur mes pratiques, même si j’aurais peut-être d’autres besoins en formation plus spécifiques dans les années à venir. »
Et maintenant que tu as des fonctions managériales, tu attaches de l'importance à envoyer tes collaborateurs en formation…
« Oui, car c'est exactement la même logique que pour moi : ça leur permet d’évoluer dans leurs fonctions. En plus, je crois que l’on apprécie tous ces temps un peu entre parenthèses, où on rencontre d'autres professionnels du même secteur, mais qui ne sont pas exactement confrontés aux mêmes problématiques. Il y a l'apprentissage en formation, mais aussi les temps de rencontre et les liens qui se nouent pendant ces temps-là qui sont riches d’enseignements.
J'ai commencé à me former très vite dans ma vie professionnelle. C'est un peu devenu une habitude, que ce soit avec ARTES ou non, d’ailleurs. Je pars du principe que si l’on termine une année sans avoir utilisé tout le « budget formation », c'est qu'il y a un loupé quelque part. Non seulement parce que l'entreprise cotise pour cela, mais aussi parce que c'est un acquis, et un droit pour nos collaborateurs. »
