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Témoignages

« La formation m’a permis de mettre des mots sur ce que je vivais au quotidien »

Aujourd’hui directrice de production de la compagnie Sans Gravité, à Toulouse, Virginie Richard est entrée dans le secteur culturel il y a un peu plus de 15 ans. D’abord orientée vers les métiers de la communication, elle a appris sur le tas le rôle de chargée de production, diffusion, ou d’administration… Avant d’endosser, ces dernières années, des fonctions managériales au sein de sa compagnie spécialisée dans la magie nouvelle.

Depuis 2014 et sa première venue sur le cycle « Réussir sa mission de chargé.e de diffusion », ARTES a le plaisir d’accompagner Virginie. « En regardant l’historique, j’ai suivi exactement 15 formations chez vous », s’amuse-t-elle. Début novembre, Virginie a suivi le module « Animer des réunions productives ». À cette occasion, elle a accepté de revenir avec nous sur l’importance qu’elle accorde à la formation, et la manière dont elle l’a aidé à évoluer.

Interview par Elliott Bureau
le 20 novembre 2025
(lu 211 fois)

Virginie, tu as participé à 15 formations avec ARTES depuis 2014, quasiment une par an. Tu es sans doute notre « recordwoman » … Comment cette longue histoire a-t-elle commencé ?

« C’est vrai, et on peut ajouter que j’ai dernièrement fait quelques infidélités à ARTES car vous ne venez plus à Toulouse depuis le Covid… Mais pour répondre à la question, disons que j’ai appris mon métier sur le tas. Après ma formation universitaire à la Sorbonne, je suis entrée un peu par opportunisme dans les métiers de la communication puis suis devenue attachée de presse. J’allais partir sur cette carrière-là, mais avec mon compagnon, nous avons décidé de déménager à Toulouse, où il n’y avait pas les mêmes possibilités professionnelles. Donc j'ai connu une petite traversée du désert, il a fallu s’adapter… Après avoir eu mon premier enfant, je me suis dit : « je veux absolument travailler dans le monde de la culture, aider les artistes ». J’ai donc découvert les métiers de la diffusion, la production, l’administration, etc… Et à l'époque, il n’y avait pas autant de formations qu’aujourd'hui…

Les opportunités de vie m'ont permis de démarrer avec un ensemble musical (l’orchestre de Chambre d’Hôte), d’abord en communication, ce que je savais faire. Très rapidement, ils se sont rendu compte qu’ils avaient besoin de quelqu'un pour développer le projet en 360. J'ai donc dû me mettre à la production, l’administration, la diffusion, la recherche de financement... J’ai longtemps bidouillé dans mon coin en apprenant sur le tas, et en suivant quelques formations dans d’autres organismes. Puis ARTES a commencé à s’implanter à Toulouse, et je me suis inscrite sur ma première formation avec vous, le cycle chargé de diffusion. C’était en 2014. »

 

Le cycle « Réussir sa mission de chargé.e de diffusion » est, en plus, une formation assez particulière...

« C'était une formation extraordinaire, qui a joué sur ma fidélité à ARTES par la suite. J’en suis sortie transformée. Certains amis l’ont suivie il y a quatre ou cinq ans, et tous l’ont trouvée très enrichissante. C’est une formation qui pose beaucoup de questions sur soi-même, sur l'essence du métier, sur les difficultés inhérentes à ces missions… Elle m’a permis de mettre des mots sur des choses que je vivais au quotidien et qui étaient assez difficiles : travailler en lien avec des artistes, être à un important niveau de responsabilités dans une compagnie, la charge mentale que cela peut engendrer… Et, aussi, la culpabilité que l’on ressent parfois. On était une super équipe de participants. Les intervenants nous ont vraiment mis à l'aise. Ils ont créé un espace de dialogue, de confiance. Ils nous ont apporté des outils vraiment concrets, et organisé des rencontres très enrichissantes avec des professionnels. Je suis sortie de là avec une vision beaucoup plus claire de mon métier, et finalement, avec plus d'assertivité, même si j’ai suivi cette formation plus tard ! »

 

« L'artiste veut rester artiste. Donc il demande à la personne d’à côté de lui de prendre tout le reste… » 

Tu as ensuite continué à faire confiance à ARTES…

« Oui car j'ai vu toutes les possibilités du catalogue. Je suis très curieuse, j'aime me remettre en question, apprendre… Et comme j'étais très contente, j'ai poursuivi avec ARTES en basculant sur des formations très pratico-pratiques, notamment sur Excel. J’avais des besoins très spécifiques pour la gestion d’une base de données… Ce sont des choses vraiment liées aux métiers de chargé de diffusion. Et puis, petit à petit, j’évoluais dans qui la structure qui, elle aussi, gagnait en visibilité et en moyens… J'ai commencé à devenir directrice de production. Il a donc vraiment fallu que je me forme sur l’analyse financière, en 2016, mais aussi sur la stratégie de mécénat, les questions de financement de projet culturel, la rentabilité… Je glissais petit à petit vers le métier d'administratrice de compagnie… Pour petit à petit pendre des fonctions managériales. J’ai donc démarré le cycle management en 2018 ! »

 

À t’écouter, on comprend que la formation professionnelle t'a accompagnée et aidée à prendre de nouvelles fonctions à chaque étape de ton parcours…

« Disons que la formation au long cours permet de répondre assez rapidement à un besoin de monter en compétences sur un sujet précis. Elle m’a donc aidée à prendre de nouvelles fonctions, mais m’a aussi permis de me sentir plus légitime. Nos métiers sont assez particuliers, c'est très empirique… Une compagnie part souvent d’une association créée à l’initiative d’un artiste qui ne sait pas du tout qu’il est en train de devenir un chef d’entreprise. En fait, l'artiste veut rester artiste. Donc il demande à la personne d’à côté de lui de prendre en charge tout le reste. Petit à petit, il découvre avec cette personne qu’il y a plein de choses à gérer autour. Au bout d’un moment, on se rend compte qu’on est à la fois chargé de production, administrateur, directeur… Dans ce contexte, les formations m'ont permis d'acquérir des nouvelles compétences, mais aussi de beaucoup me rassurer sur la place que j’occupais et sur le fait que j'avais bien le niveau. Je l’ai encore ressenti sur la dernière formation que j’ai passée, « Animer des réunions productives ». J’en attendais énormément, j’ai compris que j’avais encore un cap à passer, mais je me suis aussi rendue compte que je savais déjà beaucoup de choses. La suivre m’a permis de renforcer certaines compétences, d’en acquérir des nouvelles, mais surtout de me sentir plus légitime et forte pour assumer mon poste qui n’a fait qu’évoluer. Depuis trois ans, je codirige une compagnie (Sans Gravité). Et je me dis que pour manager des chargés de diffusion, d’administration, de production, il faut que je connaisse la réalité de ces métiers-là. C’est très important pour moi pour pouvoir les accompagner. »

 

« Il y a toujours eu (chez ARTES) des formations pour tout, et avec, je trouve, une compréhension assez fine de la spécificité de notre secteur et de nos besoins »

Tout le monde n'a pas le même rapport à la formation, pourquoi c’est si important pour toi ?

« Je pense que c’est lié à ma personnalité. J’aime apprendre, et pour pouvoir répondre aux exigences que l’on place en moi, je trouve qu’il est normal de se former auprès de quelqu'un de plus avancé. Je n’éprouve pas de honte à solliciter de l'aide, à demander un avis extérieur quand je ne sais pas. C’est quelque chose de très personnel… Maintenant, il arrive que certaines personnes soient réfractaires à l’idée de se former. Je pense que c'est lié à la peur de perdre le contrôle, de sortir de sa zone de confort... Mais le risque, surtout, c’est de ne pas évoluer avec son temps. »

 

Tu trouves qu’il y a encore beaucoup de gens, dans le secteur culturel, qui ne vont pas assez vers la formation ?

« Oui, c’est évident. Les gens se font prendre par le temps, ne sont pas forcément au courant des modalités de financement… Alors que dans mon cas, par exemple, je n’ai jamais rien payé de ma poche ! J’ai toujours profité des aides de l’AFDAS et des bons conseils d’ARTES, qui m’a monté des parcours de formations personnalisés. Mais oui, il y a un vrai sujet là-dessus dans notre secteur. Dans d’autres, les formations sont obligatoires. Nous, dans la Culture, nous faisons souvent tout de A à Z. Il n’y a pas de cadre, donc moins d’accompagnement. Les gens sont souvent sous l'eau. Ils ont mille casquettes et voient juste la formation comme trois jours de perdus où ils ne peuvent pas avancer sur leurs dossiers. Nous devons créer notre propre cadre, notamment sur l’aspect RH. Je pense que c'est une vraie problématique dans notre secteur d'activité car, en dehors des grosses structures, si le projet de formation ne vient pas de la personne concernée, il ne se passe rien. »

 

Tu es allée te former dans d’autres organismes. Quelle est, pour toi, la spécificité d’ARTES ?

« Pour moi, la grande force d’ARTES est d’avoir un catalogue très conséquent avec des formations très spécifiques et pointues par rapport à d’autres organismes, même si eux aussi s’étoffent sur ce point. En tout cas, j’ai le sentiment qu’ARTES avait de l’avance là-dessus. Il y a toujours eu des formations pour tout le monde, et avec, je trouve, une compréhension assez fine de la spécificité de notre secteur et de nos besoins. Je pense que c’est étroitement lié à la qualité des intervenants qui ont toujours un pied très concret dans le monde du travail. C’est ce qui m’a vraiment plu. Et à force de venir, il y a des effets ping-pong : quand tu fais une formation ARTES, tu rencontres un autre formateur qui te donne envie de revenir. C’est une sorte d’effet rebond. »