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C'est d'actualité…

« Être au service d'un secteur qui nous tient à cœur »

Vous êtes déjà passés entre les murs d’ARTES ? Alors vous avez sûrement été conseillé par Justine Pelletreau. Pilier de l’équipe depuis 2011, elle maîtrise le catalogue de formations sur le bout des doigts et contribue activement à son évolution. Qui de mieux pour évoquer la rentrée 2025 ? Intelligence Artificielle, nouvelles têtes parmi les formateurs, problématiques inhérentes au secteur associatif et culturel… Justine répond à nos questions.

Interview par Elliott Bureau
le 12 juin 2025
(lu 407 fois)

Projetons-nous en septembre prochain, quelles seront les nouveautés de la rentrée dans le catalogue de formations d’ARTES ?

« De manière générale, depuis un an, nous avons beaucoup travaillé à renouveler l'équipe pédagogique et créer de nouvelles collaborations. Certains de nos formateurs sont présents depuis le début. Nous avons une grande affection pour eux, ce sont des experts dans leur domaine, des personnes indispensables à notre activité et nous avons longtemps estimé qu’ils étaient irremplaçables. Cependant, nous devons penser à l'avenir.
Cela ne veut pas dire qu’à partir de la rentrée certains de nos thèmes vont changer, mais ils seront animés par des nouveaux intervenants. Nous avons pris le temps pour trouver des personnes qui sauront très bien le faire et pour qui ce sera la première à la rentrée prochaine. Cela concerne parfois des modules socles et historiques qui ont toujours été proposés chez ARTES. Je pense notamment (et entre autres) à toutes nos formations liées à la recherche de financement (un sujet plus que d’actualité !). Nous travaillons désormais avec Carine Hily (Coopérative Oz), Lois Santos (responsable du mécénat et des partenariats privés de l'Opéra de Rennes), Emmannuelle de Pétigny (Déléguée générale du fonds de dotation Après Demain - Agir contre l’isolement) ou encore Pierre BRINI (avec qui nous avons déjà collaboré de belle manière) et Kenneth QUIGER (Le Laba).

Il y a aussi notre formation sur la billetterie, qui sera désormais animée par Adeline Durand, responsable billetterie de la Cité des Congrès. Sur la gouvernance associative, ce sera Christelle Hodeige, qui comme Adeline, fait partie des personnes que nous connaissons et accompagnons depuis de longues années. Elles sont elles-mêmes professionnelles en activité sur les sujets que nous leur confions, et connaissent parfaitement les problématiques de terrain. Nous sommes aussi très heureux de pouvoir féminiser l'équipe pédagogique, et d’intégrer d’anciennes participantes de nos formations. Je pense qu'on peut être fiers de mesurer leur évolution, et de constater qu’elles sont aujourd'hui suffisamment armées pour transmettre à leur tour. »

C’est gratifiant pour toi de les voir devenir des expertes dans leur domaine ?

« Oui, complètement. Ce sont des personnes que l’on connaît bien, qui correspondent à nos valeurs, et en qui nous avons entièrement confiance. On a pris le temps travailler les modules à leurs côtés, et nous sommes convaincus qu’elles sont prêtes. »

C’est un moment de transition important pour ARTES ? 

« Oui, c'est un virage stratégique, une période charnière à différents niveaux. Le renouvellement de l'équipe pédagogique avait déjà un peu démarré en 2024. Notre offre de formation évolue aussi. ARTES va avoir 20 ans, et son catalogue avait toujours été sensiblement le même. Aujourd'hui, nous sommes heureux de pouvoir proposer des nouveautés, notamment pour nos clients fidèles et historiques qui ont sûrement fait un peu le tour, en tout cas pour ce qui est de leur domaine. C’est important pour eux de voir que l’on se mobilise pour leur proposer des nouveautés. »


« Nos clients qui souhaitent se former à l’IA veulent pouvoir le faire chez ARTES. Notre mission, c’est de pouvoir répondre à ce besoin »

Justement, quelles sont ces nouveautés ?

« Même s’il a déjà plus d’un an et demi, il y a le cycle podcast. C’est une formation sur laquelle les demandes sont timides, mais que l’on sait d’une grande qualité. Les participants en sont très satisfaits, et repartent solidement outillés pour produire leur propre contenu. Ça nous encourage, et ça montre aussi que ce format correspond bien aux besoins des professionnels. Beaucoup de nos concurrents proposent des modules très courts sur ce thème-là. Nous, un peu à la manière des cycles sur le management ou la diffusion, on a décidé de taper fort et de proposer un parcours de 10 jours, qui couvre de A à Z les différents aspects de la réalisation d'un podcast. On ne se voyait pas faire une formation de trois journées sur un thème aussi vaste et technique.

Sur les aspects de l'Intelligence Artificielle, avec Boris Thomas, nous avons construit une semaine de formation sur la suite Adobe. Il était vraiment temps de proposer quelque chose autour de l'IA sur ces logiciels-là. C’est fraîchement sorti au catalogue, on a testé une programmation sur la fin juin, et déjà calé une date pour le mois de septembre sur ce sujet.

Toujours sur le thème de l’IA, nous allons bientôt proposer un module sur son utilisation au sens large, et comment en faire un bon usage dans le monde professionnel. Nous sommes en train de le finaliser avec le formateur. De nombreuses demandes sont remontées de la part de de nos clients. « Qu'est-ce que vous proposez sur l'IA ? »  « Comment allez-vous vous en emparer en formation ? » … Quand les demandes reviennent régulièrement, il faut pouvoir vite se pencher sur le sujet, ne pas laisser le train passer. On est attendus là-dessus : nos fidèles clients qui souhaitent se former à l’IA veulent pouvoir le faire chez ARTES. Notre mission, c’est de pouvoir répondre rapidement à ce besoin. »

Comment ces nouveaux thèmes arrivent-ils au catalogue d’ARTES ?

« En règle générale, on reçoit beaucoup de propositions spontanées de formateurs extérieurs, souvent sur des thèmes que l’on propose déjà. Mais il arrive aussi que certains nous proposent des thèmes complémentaires, sur lesquels nous ne sommes pas encore positionnés. Je pense notamment à Sandrine Lesage. Nous avions déjà des modules en médiation, mais c’est elle qui nous a proposé cette spécificité d’aller sur l'éveil des tout-petits.
Comme on le disait avant, cela peut aussi venir de nos clients. Au bout d'une dizaine de demandes sur LinkedIn, on a demandé à notre formateur, Shamy, de se pencher sur la proposition d'un contenu. On a remodelé en conséquence notre cycle en communication digitale pour tenir compte de cette demande. On a su très vite proposer quelque chose, et on a tout de suite trouvé la demande en face. La nouvelle formule a eu lieu pour la première fois à la fin du mois de mai, et les bilans ont été très satisfaisants. »

Justement, quel bilan tires-tu de ce nouveau format en communication digitale ?

« Ce n’est pas la première fois que l’on réadapte ce cycle de formation. Avant, on proposait un module de trois jours sur Facebook et Instagram. Je voyais bien que certains trouvaient de l’intérêt dans l’un ou l’autre, mais pas forcément sur les deux. Dans la conception de notre offre, il faut savoir s’adapter en permanence, et l’idée de proposer des modules à la carte fonctionne bien. Chacun peut les suivre indépendamment des autres. Les professionnels n'ont pas toujours les mêmes besoins, et c’est pour cela que, depuis des années, on met de la souplesse dans nos parcours de formations. Les professionnels sont globalement très occupés, et mobiliser 10 jours sur un même semestre, c'est compliqué. Avoir la souplesse de pouvoir suivre des formations au printemps puis à l’automne, c’est important eux. »

Mais cette souplesse nécessite beaucoup d’organisation ?

« Oui, car aujourd’hui, notre offre est presque systématiquement réfléchie comme cela. Mon rôle est de m'occuper de toute cette programmation, ce qui n'est pas une mince affaire. On a entre 90 et 100 modules de formation au catalogue. Évidemment, on ne programme pas tout, mais il faut toujours réfléchir aux personnes qui auront un parcours conséquent, et faire attention à ce que les thématiques qui se rapprochent les unes des autres ne se chevauchent pas dans le calendrier. Je pense par exemple à un profil très administratif intéressé par le « grand chelem » chez nous : il faut qu’elle ait la possibilité de faire la totale. D’un point de vue organisationnel, c’est du gros boulot. Entre les modules, les disponibilités des formateurs, la disponibilité des salles, le distanciel… C’est un mélange de Rubik's Cube® et de Tetris®, mais c’est une mission intéressante. En tout cas, j'adore faire ça. »


« Ce qui est intéressant dans mon boulot, c’est de suivre les personnes de la première prise de contact jusqu’à les rencontrer physiquement »

L’autre grand volet de tes missions, c’est le conseil. Comment orientes-tu les demandeurs vers la formation adéquate ?

« En général, il y a deux types de demandes entrantes. D’abord, celle qu’on va qualifier de simple, c'est-à-dire quelqu'un qui a identifié un thème précis, à une date précise, et qui sait par quels moyens il va financer sa formation. Même si on juge sa demande simple, je vais toujours questionner la personne sur son besoin. Lui demander dans quel contexte il s'inscrit, pourquoi il nous appelle et ses attentes précises vis à vis du thème. Cela me permet de vérifier l'adéquation de sa demande avec les objectifs pédagogiques de la formation. C’est aussi une manière de pouvoir l'accueillir sereinement, être sûrs qu'il sera bien à sa place. Et aussi de le rassurer, qu’il soit certain d’avoir choisi la bonne formation. On dit souvent que chez ARTES, il n'y a pas d'inscription automatique. Ça passe forcément par ce qu'on appelle un entretien de positionnement pédagogique.

Le deuxième cas de figure, c'est la personne qui appelle après avoir navigué aléatoirement sur le site internet, qui a vu plein de choses intéressantes, mais qui ne sait pas trop où elle en est, soit parce qu'elle est en reconversion ou en stand-by dans sa vie professionnelle. On a aussi parfois des demandeurs d'emploi qui nous sollicitent, mais cela peut aussi venir d’une personne en poste, qui ressent le besoin de renouveler ses connaissances, conforter ses pratiques, mais qui n’est pas certaine de savoir vers quoi s’orienter. Là, mon rôle va être de la questionner, et de co-construire le parcours avec elle. Lui demander si elle éprouve un besoin sur tel ou tel thème, et lui présenter les modules complémentaires. 

Une fois qu'on a fait passer une proposition pédagogique et commerciale, il y a tout un travail de suivi pour s’assurer qu'il n'y a pas de difficulté dans la mise en œuvre du projet. On ne lâche jamais les gens dans la nature. Quand ils arrivent, c'est une belle concrétisation. Ce qui est intéressant dans mon boulot, c’est de suivre les personnes de la première prise de contact jusqu’à les rencontrer physiquement. Et de les voir ressortir avec le sourire à l’issue de la formation qu’ils ont suivie. »

Il y a aussi des personnes que tu suis depuis quelques années…

« Oui, et on les voit évoluer, entrer dans des structures et accéder parfois à des postes à responsabilités, c’est très satisfaisant. Ces personnes deviennent prescriptrices et nous envoient leurs collaborateurs au fil des années. Chez ARTES, il y a un peu ce pouvoir du bouche à oreille. Si on demande aux gens comment ils nous ont connus, c’est souvent par le biais de recommandation d’un collègue ou d’un proche qui est déjà passé par chez nous. C’est dans ces moments-là qu’on mesure la qualité de ce qu'on fait. »

Tu as l’impression de participer indirectement à leur évolution ?

« Oui, même si nous n’avons pas la prétention de dire que c’est grâce à nous. Ce sont des humains, et c’est eux qui font ce qu'il faut pour évoluer dans leur métier. Mais effectivement, je pense qu'on y contribue d’une certaine manière. On aide ces personnes à monter en compétences et aussi à les maintenir dans le secteur. La Culture et le monde associatif en général ne sont pas des milieux faciles. Ce sont des secteurs jonchés d'obstacles, et malgré ça, on voit des gens qui restent, qui se battent. Nous, on les félicite.

Quand je suis arrivée chez ARTES, en 2011 je pensais un peu naïvement que le secteur culturel, aussi précaire soit-il, allait se structurer, se professionnaliser. Malheureusement, après bientôt 15 ans d'expérience dans la formation culturelle, je m’aperçois que ce n'est pas aussi simple. Je prends souvent l’exemple de notre cycle « Réussir sa mission de chargé de diffusion ». Quand je suis arrivée, il y a 13 ans, sur dix participants, il y en avait environ huit en CDI, un intermittent, et un demandeur d'emploi. Aujourd'hui, sur le même échantillon, j'ai globalement cinq demandeurs d'emploi, trois intermittents et deux salariés au régime général. Je suis navrée de constater la fragilité du secteur à ce niveau-là. Mais la formation est aussi là pour contrer cette situation : donner des armes aux professionnels pour qu’ils puissent conduire leurs projets. On met notre pierre à l'édifice pour la structuration du secteur, sa professionnalisation, et faire en sorte que tout ça tienne debout. »

C’est une mission importante…

« Avec Cyrille, on a toujours dit que si on fait ce métier-là, c’est pour être au service d'un secteur qui nous tient à cœur. Il y a une question d’engagement derrière tout ça. ARTES doit se positionner comme un acteur ressource. Avec l’actualité (coupes budgétaires, baisses de subventions…), plusieurs structures – et pas des moindres – nous ont fait part de leurs difficultés, ou de licenciements à venir. Notre rôle, c'est de réagir vite, d'être aidants sur les propositions financières. En tout cas, d’assurer à ces structures-là que, si elles ont besoin, elles peuvent compter sur nous. »

Ça va bientôt faire quinze ans que tu es chez ARTES. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

« C’est une grosse partie de ma vie professionnelle, et une grosse partie de la vie d'ARTES, aussi. Je suis arrivée sur un CDD de 3 mois à temps partiel. Aujourd’hui, et depuis 2021 j’ai un poste à responsabilités. Je viens moi aussi du secteur culturel, et je n'imaginais pas mon avenir professionnel dans la formation. Mais le fait d'accueillir des porteurs de projets culturels tous les jours, ça me nourrit. Finalement, je suis restée assez proche des problématiques du terrain. En tout cas, j'ai toujours senti que j'avais ma place à cet endroit. Le secteur évolue, et comme je le disais avant, je me sens engagée à œuvrer à son service. C'est ça qui met de l'essence et du sens dans mon travail au quotidien. »